Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la diminution de ce poids, lorsque le corps est entièrement plongé dans le fluide. C’est ainsi que l’on a déterminé les pesanteurs spécifiques des corps, comparées au maximum de densité de l’eau distillée.

Pour qu’un corps plus léger qu’un fluide soit en équilibre à sa surface, il faut que son poids soit égal à celui du volume de fluide déplacé. Il faut de plus que les centres de gravité de cette portion du fluide et du corps soient sur une même verticale ; car la résultante des actions de la pesanteur sur toutes les molécules du corps passe par son centre de gravité, et la résultante de toutes les actions du fluide sur ce corps passe par le centre de gravité du volume de fluide déplacé ; ces résultantes devant être sur la même ligne pour se détruire, les centres de gravité sont sur la même verticale. Mais il est nécessaire, pour la stabilité de l’équilibre, de joindre d’autres conditions aux deux précédentes. On pourra toujours la déterminer par la règle suivante.

Si, par le centre de gravité de la section à fleur d’eau d’un corps flottant, on conçoit un axe horizontal, tel que la somme des produits de chaque élément de la section par le carré de sa distance à cet axe soit plus petite que relativement à tout autre axe horizontal mené par le même centre, l’équilibre est stable dans tous les sens, lorsque cette somme surpasse le produit du volume de fluide déplacé par la hauteur du centre de gravité du corps au-dessus du centre de gravité de ce volume. Cette règle est principalement utile dans la construction des vaisseaux, auxquels il importe de donner une stabilité suffisante pour résister aux eff’orts des vagues et des vents. Dans un vaisseau, l’axe mené de la poupe à la proue est celui par rapport auquel la somme dont on vient de parler est un minimum ; il est donc facile, au moyen de la règle précédente, d’en déterminer la stabilité.

Deux fluides renfermés dans un vase s’y disposent de manière que le plus pesant occupe le fond du vase, et que la surface qui les sépare soit horizontale.

Si deux fluides communiquent au moyen d’un tube recourbé, la surface qui les sépare, dans l’état d’équilibre, est à très peu près horizontale, lorsque le tube est fort large ; leurs hauteurs au-dessus de cette