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EXPOSITION DU SYSTÈME DU MONDE.

à mesure que le crépuscule diminue ; ce n’est donc point parce qu’elles cessent de luire, mais parce qu’elles sont effacées par la vive lumière des crépuscules et du Soleil, que nous cessons de les apercevoir. L’heureuse invention du télescope nous a mis à portée de vérifier cette explication, en nous faisant voir les étoiles au moment même où le Soleil est le plus élevé. Celles qui sont assez près du pôle pour ne jamais atteindre l’horizon sont constamment visibles. Quant aux étoiles qui commencent à se montrer à l’orient pour disparaître à l’occident, il est naturel de penser qu’elles continuent de décrire sous l’horizon le cercle qu’elles ont commencé à parcourir au-dessus et dont l’horizon nous cache la partie inférieure. Cette vérité devient sensible quand on s’avance vers le nord ; les cercles des étoiles situées vers cette partie du monde se dégagent de plus en plus de dessous l’horizon ; ces étoiles cessent enfin de disparaître, tandis que d’autres étoiles, situées au midi, deviennent pour toujours invisibles. On observe le contraire en avançant vers le midi ; des étoiles qui demeuraient constamment sur l’horizon se lèvent et se couchent alternativement, et de nouvelles étoiles, auparavant invisibles, commencent à paraître. La surface de la Terre n’est donc pas ce qu’elle nous semble, un plan sur lequel la voûte céleste est appuyée. C’est une illusion que les premiers observateurs ne tardèrent pas à rectifier par des considérations analogues aux précédentes ; ils reconnurent bientôt que le ciel enveloppe de tous côtés la Terre, et que les étoiles y brillent sans cesse, en décrivant chaque jour leurs différents cercles. On verra dans la suite l’Astronomie souvent occupée à corriger de semblables illusions et à reconnaître les objets réels dans leurs trompeuses apparences.

Pour se former une idée précise du mouvement des astres, on conçoit, par le centre de la Terre et par les deux pôles du monde, un axe autour duquel tourne la sphère céleste. Le grand cercle perpendiculaire à cet axe s’appelle équateur ; les petits cercles que les étoiles décrivent parallèlement à l’équateur, en vertu de leur mouvement diurne, se nomment parallèles. Le zénith d’un observateur est le point du ciel que sa verticale va rencontrer ; le nadir est le point directement opposé. Le