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CHAPITRE IV.
DE L’ÉQUILIBRE DES FLUIDES.
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La propriété caractéristique des fluides, soit élastiques, soit incompressibles, est l’extrême facilité avec laquelle chacune de leurs molécules obéit à la plus légère pression qu’elle éprouve d’un côté plutôt que d’un autre. Nous allons donc établir sur cette propriété les lois de l’équilibre des fluides, en les considérant comme formés d’un nombre infini de molécules parfaitement mobiles entre elles.

Il suit d’abord de cette mobilité que la force dont une molécule de la surface libre d’un fluide est animée doit être perpendiculaire à cette surface ; car, si elle lui était inclinée, en la décomposant en deux autres, l’une perpendiculaire, et l’autre parallèle à cette surface, la molécule glisserait en vertu de cette dernière force ; la pesanteur est donc perpendiculaire à la surface des eaux stagnantes, qui par conséquent est horizontale. Par la même raison, la pression que chaque molécule fluide exerce contre une surface doit lui être perpendiculaire.

Chaque molécule intérieure d’une masse fluide éprouve une pression qui, dans l’atmosphère, est mesurée par la hauteur du baromètre, et qui peut l’être d’une manière semblable pour tout autre fluide. En considérant la molécule comme un prisme rectangle infiniment petit, la pression du fluide environnant sera perpendiculaire aux faces de ce prisme, qui tendra, par conséquent, à se mouvoir perpendiculairement à chaque face, en vertu de la différence des pressions que le fluide exerce sur les deux faces opposées. De ces différences de pressions résultent trois forces perpendiculaires entre elles, qu’il faut combiner