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Un très petit poids peut donc, au moyen du levier et des machines qui s’y rapportent, faire équilibre à un poids très considérable, et l’on peut de cette manière soulever un énorme fardeau avec un léger effort ; mais il faut, pour cela, que le bras du levier auquel la puissance est attachée soit fort long par rapport à celui qui soulève le fardeau, et que la puissance parcoure un grand espace pour élever le fardeau à une petite hauteur. Alors on perd en temps ce que l’on gagne en force, et c’est ce qui a lieu généralement dans les machines. Mais souvent on peut disposer du temps à volonté, tandis que l’on ne peut employer qu’une force limitée. Dans d’autres circonstances, où il faut se procurer une grande vitesse, on peut y parvenir au moyen du levier, en appliquant la puissance au bras le plus court. C’est dans la possibilité d’augmenter suivant les besoins la masse ou la vitesse des corps à mouvoir que consiste le principal avantage des machines.

La considération du levier a fait naître l’idée des moments. On nomme moment d’une force, pour faire tourner le système autour d’un point, le produit de cette force par la distance du point à sa direction. Ainsi, dans le cas de l’équilibre d’un levier aux extrémités duquel deux forces sont appliquées, les moments de ces forces par rapport au point d’appui doivent être égaux et contraires, ou, ce qui revient au même, la somme des moments doit être nulle relativement à ce point.

La projection d’une force sur un plan mené par un point fixe, multipliée par la distance du point à cette projection, est ce que l’on nomme moment de la force pour faire tourner le système autour de l’axe qui, passant par le point fixe, est perpendiculaire au plan.

Le moment de la résultante d’un nombre quelconque de forces, par rapport à un point ou à un axe quelconque, est égal à la somme des moments semblables des forces composantes.

Les forces parallèles pouvant être supposées se réunir à une distance infinie, elles sont réductibles à une résultante égale à leur somme et qui leur est parallèle ; en décomposant donc chaque force d’un système de corps en deux, l’une située dans un plan, l’autre perpendiculaire à ce plan, toutes les forces situées dans le plan seront réductibles à une