Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 6.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lumineuse opposée au Soleil et un peu inclinée au côté que la comète abandonne en s’avançant dans son orbite : c’est, en effet, ce que l’observation nous montre. La promptitude avec laquelle ces queues s’accroissent peut faire juger de la rapidité d’ascension de leurs molécules. On conçoit que les différences de volatilité, de grosseur et de densité des molécules doivent en produire de considérables dans les courbes qu’elles décrivent, ce qui apporte de grandes variétés dans la forme, la longueur et la largeur des queues des comètes. Si l’on combine ces effets avec ceux qui peuvent résulter d’un mouvement de rotation dans ces astres et avec les illusions de la parallaxe annuelle, on entrevoit la raison des singuliers phénomènes que leurs nébulosités et leurs queues nous présentent.

Quoique les dimensions des queues des comètes soient de plusieurs millions de myriamètres, cependant elles n’affaiblissent pas sensiblement la lumière des étoiles que l’on observe à travers ; elles sont donc d’une rareté extrême, et leurs masses sont probablement inférieures à celles des plus petites montagnes de la Terre ; elles ne peuvent ainsi, par leur rencontre avec elle, y produire aucun effet sensible. Il est très probable qu’elles l’ont plusieurs fois enveloppée, sans avoir été aperçues. L’état de l’atmosphère influe considérablement sur leur longueur et leur largeur apparentes ; entre les tropiques, elles paraissent beaucoup plus grandes que dans nos climats. Pingré dit avoir observé qu’une étoile, qui paraissait dans la queue de la comète de 1769, s’en éloigna dans très peu d’instants. Mais cette apparence était une illusion produite par des nuages légers de notre atmosphère, assez épais pour intercepter la faible lumière de cette queue, et cependant assez rares pour laisser apercevoir la lumière beaucoup plus vive de l’étoile. On ne peut pas attribuer aux molécules de vapeurs, dont ces queues sont formées, des oscillations aussi rapides, dont l’étendue surpasserait un million de myriamètres.

Les substances évaporables d’une comète diminuant à chacun de ses retours au périhélie, elles doivent, après plusieurs retours, se dissiper entièrement dans l’espace, et la comète ne doit plus alors présenter