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l’on a regardées pendant longtemps comme des météores, sont des astres semblables aux planètes ; leurs mouvements et leurs retours sont réglés suivant les mêmes lois que les mouvements planétaires.

Observons ici comment le vrai système de la nature, en se développant, se confirme de plus en plus. La simplicité des phénomènes célestes dans la supposition du mouvement de la Terre, comparée à leur extrême complication dans celle de son immobilité, rend la première de ces suppositions fort vraisemblable. Les lois du mouvement elliptique, communes alors aux planètes et à la Terre, augmentent beaucoup cette vraisemblance, qui devient plus grande encore par la considération du mouvement des comètes, assujetti aux mêmes lois.

Ces astres ne se meuvent pas tous dans le même sens, comme les planètes. Les uns ont un mouvement réel direct ; d’autres ont un mouvement rétrograde. Les inclinaisons de leurs orbes ne sont point renfermées dans une zone étroite, comme celles des orbes planétaires ; elles offrent toutes les variétés d’inclinaison, depuis l’orbe couché sur le plan de l’écliptique, jusqu’à l’orbe perpendiculaire à ce plan.

On reconnaît une comète, quand elle reparaît, par l’identité des éléments de son orbite avec ceux de l’orbite d’une comète déjà observée. Si la distance périhélie, la position du périhélie et des nœuds, et l’inclinaison de l’orbite sont à fort peu près les mêmes, il est alors très probable que la comète qui paraît est celle que l’on avait observée précédemment, et qui, après s’être éloignée à une distance où elle était invisible, revient dans la partie de son orbite voisine du Soleil. Les durées des révolutions des comètes étant fort longues, et ces astres n’ayant été observés avec un peu de soin que depuis deux siècles, on ne connaît encore avec certitude que le temps de la révolution de deux comètes[1] : l’une est celle de 1759, que l’on avait déjà observée en 1682, 1607 et 1531. Cette comète emploie environ soixante-seize ans à

  1. Depuis l’impression de la 5e édition de cet Ouvrage, en 1825, une troisième comète, qui avait été vue pour la première fois en 1772, puis en 1805, fut reconnue périodique en 1826 par MM. Gambart et Hansen. Cette comète fait sa révolution en six ans trois quarts ; elle a été retrouvée et observée sur la fin de 1832 ; elle reviendra en 1839.
    (Note de M. E. Bouvard.)