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le centre d’une étoile on imagine une petite circonférence parallèle à l’écliptique et dont le diamètre soutende dans le ciel un arc de 125″, la direction du mouvement de la lumière, lorsqu’on le compose avec le mouvement de la Terre, appliqué en sens contraire, rencontre cette circonférence au point où elle est coupée par un plan mené par les centres de l’étoile et de la Terre, tangentiellement à l’orbe terrestre ; l’étoile doit donc paraître se mouvoir sur cette circonférence et la décrire, chaque année, de manière qu’elle y soit constamment moins avancée de 100s que le Soleil dans son orbite apparente.

Ce phénomène est exactement celui que nous avons expliqué dans le onzième Chapitre du premier Livre, d’après les observations de Bradley, à qui l’on doit sa découverte et celle de sa cause. Pour rapporter les étoiles à leur vraie position, il suffit de les placer au centre de la petite circonférence qu’elles nous semblent décrire ; leur mouvement annuel n’est donc qu’une illusion produite par la combinaison du mouvement de la lumière avec celui de la Terre. Ses rapports avec la position du Soleil pouvaient faire soupçonner qu’il n’est qu’apparent ; mais l’explication précédente le prouve avec évidence. Elle fournit en même temps une démonstration sensible du mouvement de la Terre autour du Soleil, de même que l’accroissement des degrés et de la pesanteur, en allant de l’équateur aux pôles, rend sensible son mouvement de rotation.

L’aberration de la lumière affecte les positions du Soleil, des planètes, des satellites et des comètes, mais d’une manière différente, à raison de leurs mouvements particuliers. Pour les en dépouiller et pour avoir la vraie position des astres, imprimons à chaque instant à tous les corps un mouvement égal et contraire à celui de la Terre, qui par là devient immobile, ce qui, comme nous l’avons dit, ne change ni leurs positions respectives ni leurs apparences. Alors il est visible qu’un astre, au moment où nous l’observons, n’est plus sur la direction du rayon lumineux qui vient frapper notre vue ; il s’en est éloigné en vertu de son mouvement réel combiné avec celui de la Terre, qu’on lui suppose transporté en sens contraire. La combinaison ces deux mou-