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diamètre, les éclipses doivent arriver pour nous plus tôt dans le premier cas que dans le second, de tout le temps que la lumière met à traverser l’orbe solaire. La loi des retards observés de ces éclipses répond si exactement à cette hypothèse qu’il n’est pas possible de s’y refuser. Il en résulte que la lumière emploie 571s à venir du Soleil à la Terre.

Présentement, un observateur immobile verrait les astres suivant la direction de leurs rayons ; mais il n’en est pas ainsi dans la supposition où il se meut avec la Terre. Pour ramener ce cas à celui de l’observateur en repos, il suffit de transporter en sens contraire aux astres, à leur lumière et à l’observateur lui-même, le mouvement dont il est animé, ce qui ne change point la position apparente des astres ; car c’est une loi générale d’Optique, que, si l’on imprime un mouvement commun à tous les corps d’un système, il n’en résulte aucun changement dans leur situation apparente. Concevons donc qu’au moment où un rayon lumineux va pénétrer dans l’atmosphère terrestre, on lui donne, ainsi qu’à l’air et à la Terre, un mouvement égal et contraire à celui de l’observateur, et voyons quels phénomènes ce mouvement doit produire dans la position apparente de l’astre dont le rayon émane. On peut faire abstraction du mouvement de rotation de la Terre, environ soixante fois moindre à l’équateur même que celui de la Terre autour du Soleil ; on peut encore supposer ici, sans erreur sensible, tous les rayons lumineux que chaque point du disque d’un astre nous envoie, parallèles entre eux et au rayon qui parviendrait du centre de l’astre à celui de la Terre, si elle était transparente. Ainsi les phénomènes que les astres présenteraient à un observateur placé à ce dernier centre, et qui dépendent du mouvement de la lumière, combiné avec celui de la Terre, sont à très peu près les mêmes pour tous les observateurs répandus sur sa surface. Enfin, nous ferons abstraction de la petite excentricité de l’orbe terrestre. Cela posé :

Dans l’intervalle de 571s que la lumière emploie à parcourir le rayon de l’orbe terrestre, la Terre décrit un petit arc de cet orbe, égal à 62″,5 ; or il suit des lois de la composition des mouvements que, si par