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ce mouvement du ciel ne serait cependant qu’une apparence. N’est-il pas naturel de penser qu’il en est de même de celui que nous observons sur la Terre ? Ce qui confirme d’une manière frappante cette analogie, c’est que la Terre, ainsi que Jupiter, est aplatie à ses pôles. On conçoit, en effet, que la force centrifuge qui tend à écarter toutes les parties d’un corps de son axe de rotation, a dû abaisser la Terre aux pôles et l’élever à l’équateur. Cette force doit encore diminuer la pesanteur à l’équateur terrestre, et cette diminution est constatée par les observations du pendule. Tout nous porte donc à penser que la Terre a un mouvement de rotation sur elle-même, et que la révolution diurne du ciel n’est qu’une illusion produite par ce mouvement, illusion semblable à celle qui nous représente le ciel comme une voûte bleue à laquelle tous les astres sont attachés, et la surface de la Terre comme un plan sur lequel il s’appuie. Ainsi l’Astronomie s’est élevée à travers les illusions des sens, et ce n’a été qu’après les avoir dissipées par un grand nombre d’observations et de calculs que l’homme enfin a reconnu les mouvements du globe qu’il habite et sa vraie position dans l’univers.


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