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de la surface du Soleil ; ce centre serait donc plus éclairé que dans la pleine lune, si l’atmosphère n’éteignait pas en grande partie la lumière qu’elle lui fait parvenir. Il résulte de l’Analyse appliquée aux données précédentes, qu’en prenant pour unité la lumière de ce point dans la pleine lune, sa lumière est 0,02 dans les éclipses centrales apogées, et seulement 0,0036 ou six fois moindre environ dans les éclipses centrales périgées. S’il arrive donc alors, par un concours extraordinaire de circonstances, que les vapeurs absorbent une partie considérable de cette faible lumière quand elle traverse l’atmosphère pour arriver du Soleil à la Lune, ce dernier astre sera entièrement invisible. L’histoire de l’Astronomie nous offre quelques exemples, quoique très rares, de cette disparition totale de la Lune dans ses éclipses. La couleur rouge du Soleil et de la Lune à l’horizon nous prouve que l’atmosphère terrestre laisse un plus libre passage aux rayons de cette couleur, qui, par cette raison, est celle de la Lune éclipsée.

Dans les éclipses de Soleil, la lumière réfléchie par l’atmosphère terrestre diminue l’obscurité qu’elles produisent. Plaçons-nous, en effet, sous l’équateur, et supposons les centres du Soleil et de la Lune à notre zénith. Si, la Lune étant périgée, le Soleil est apogée, on aura à très peu près le cas de l’obscurité la plus profonde, et sa durée sera d’environ cinq minutes et demie. Le diamètre de l’ombre projetée sur la Terre sera les de celui de la Terre, et six fois et demie moindre que le diamètre de la section de l’atmosphère par le plan de l’horizon, du moins si l’on suppose la hauteur de l’atmosphère égale à du rayon terrestre, comme on l’a conclu de la durée du crépuscule, et il est très vraisemblable que l’atmosphère nous renvoie encore des rayons sensibles à de plus grandes hauteurs. On voit donc que le Soleil éclaire, dans ses éclipses, la plus grande partie de l’atmosphère qui est au-dessus de l’horizon. Mais elle n’est éclairée que par une portion du disque solaire, croissante à mesure que les molécules atmosphériques s’éloignent du zénith ; dans ce cas, les rayons solaires traversant une plus grande étendue de l’atmosphère pour arriver du Soleil à ces mo-