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rayon lumineux est à son épaisseur dans le sens vertical comme la sécante de la distance apparente de l’astre au zénith est au rayon. En multipliant donc cette sécante par – 0,0902835 et par le rapport de la hauteur du baromètre à 0m,76, en divisant ensuite le produit par l’unité plus 0,00375 multiplié par le nombre des degrés du thermomètre, on aura le logarithme de l’intensité de la lumière de l’astre. Cette règle fort simple donnera l’extinction de la lumière des astres au sommet des montagnes et au niveau des mers, ce qui peut être utile, soit pour corriger les observations des éclipses des satellites de Jupiter, soit pour évaluer l’intensité de la lumière solaire au foyer des verres ardents. Nous devons cependant observer que les vapeurs répandues dans l’air influent considérablement sur l’extinction de la lumière ; la sérénité du ciel et la rareté de l’air rendent la lumière des astres plus vive sur les montagnes élevées, et si l’on transportait nos grands télescopes sur le sommet des Cordillères, il n’est pas douteux que l’on découvrirait plusieurs phénomènes célestes qu’une atmosphère plus épaisse et moins transparente rend invisibles dans nos climats.

L’intensité de la lumière des astres à de très petites hauteurs dépend, ainsi que leur réfraction, de la densité des couches élevées de l’atmosphère. Si sa température était partout la même, les logarithmes de l’intensité de la lumière seraient proportionnels aux réfractions astronomiques, divisées par les cosinus des hauteurs apparentes, et alors cette intensité à l’horizon serait réduite environ à la quatre-millième partie de sa valeur primitive ; c’est pour cela que le Soleil, dont on peut difficilement soutenir l’éclat à midi, se voit sans peine à l’horizon.

On peut, au moyen de ces données, déterminer l’influence de notre atmosphère dans les éclipses. En réfractant les rayons solaires qui la traversent, elle les infléchit dans le cône d’ombre terrestre ; et comme la réfraction horizontale surpasse la demi-somme des parallaxes du Soleil et de la Lune, le centre du disque lunaire, supposé sur l’axe de ce cône, reçoit des deux côtés de la Terre les rayons d’un même point