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leur, que l’on doit ainsi regarder comme très exacte ; mais elle varie comme la densité de l’air. Chaque degré du thermomètre augmente de 0,00375 le volume de ce fluide, pris pour unité à zéro de température ; il faut donc diviser le coefficient 187″,24 par l’unité plus le produit de 0,00375 par le nombre des degrés du thermomètre. De plus, la densité de l’air est, toutes choses égales d’ailleurs, proportionnelle à la hauteur du baromètre ; il faut donc multiplier ce coefficient par le rapport de cette hauteur à 0m,76, la colonne de mercure étant réduite à zéro de température. On aura, au moyen de ces données, une Table de réfraction très précise, depuis 11° de hauteur apparente jusqu’au zénith, intervalle dans lequel se font presque toutes les observations astronomiques. Cette Table sera indépendante de toute hypothèse sur la diminution de densité des couches atmosphériques, et elle pourra servir au sommet des plus hautes montagnes, comme au niveau des mers. Mais la pesanteur variant avec la hauteur et la latitude, il est clair qu’à la même température, des hauteurs égales du baromètre n’indiquant point une égale densité dans l’air, cette densité doit être plus petite dans les lieux où la pesanteur est moindre. Ainsi le coefficient 187″, 24 déterminé pour le parallèle de 50° doit, à la surface de la Terre, varier comme la pesanteur ; il faut ainsi en retrancher le produit de 0″,53 par le cosinus du double de la latitude.

La Table dont on vient de parler suppose que la constitution de l’atmosphère est partout et dans tous les instants la même : c’est ce que l’expérience a fait connaître. On sait maintenant que notre air n’est point une substance homogène, et que sur 100 parties, il en contient 79 de gaz azote et 21 de gaz oxygène, gaz éminemment respirable, nécessaire à la combustion des corps et à la respiration des animaux, qui n’est qu’une combustion lente, principale source de la chaleur animale ; 3 ou 4 parties d’acide carbonique sont répandues dans 10 000 d’air atmosphérique. On a soumis à des analyses très précises cet air, pris dans toutes les saisons, dans les climats les plus lointains, sur les plus hautes montagnes, et à des hauteurs plus grandes encore : on a trouvé constamment la même proportion des