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CHAPITRE XVI.
DE L’ATMOSPHÈRE TERRESTRE ET DES RÉFRACTIONS ASTRONOMIQUES.
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Un fluide élastique rare et transparent enveloppe la Terre et s’élève à une grande hauteur. Il pèse comme tous les corps, et son poids fait équilibre à celui du mercure dans le baromètre. Sur le parallèle de 50°, à la température de la glace fondante et à la moyenne hauteur du baromètre au niveau des mers, hauteur qui peut être supposée de 0m,76, le poids de l’air est à celui d’un pareil volume de mercure dans le rapport de l’unité à 10 477,9 ; d’où il suit qu’en s’élevant alors de 10m,1779, la hauteur du baromètre s’abaisserait à très peu près de 0m,001, et que si la densité de l’atmosphère était partout la même, sa hauteur serait de 7 963m. Mais l’air est compressible ; sa température étant supposée constante, sa densité, suivant une loi générale des gaz et des fluides en vapeurs, est proportionnelle au poids qui le comprime, et par conséquent à la hauteur du baromètre. Ses couches inférieures, comprimées par les couches supérieures, sont donc plus denses que celles-ci, qui deviennent de plus en plus rares à mesure que l’on s’élève au-dessus de la Terre. Leur hauteur croissant en progression arithmétique, leur densité diminuerait en progression géométrique, si elles avaient toutes la même température. Pour le faire voir, concevons un canal vertical traversant deux couches atmosphériques infiniment voisines. La partie de la couche la plus élevée, que renferme le canal, sera moins comprimée que la partie correspondante de la couche la plus basse, d’une quantité égale au poids de la petite colonne d’air interceptée entre ces deux parties. La température étant