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compris entre deux retours consécutifs de la Lune au méridien supérieur. L’intervalle moyen de ces retours est de 1j,035050 ; ainsi l’intervalle moyen entre deux pleines mers consécutives est de 0j,517525, en sorte qu’il y a des jours solaires où l’on n’observe qu’une seule marée. Le moment de la basse mer divise à peu près également cet intervalle. Comme dans toutes les grandeurs susceptibles d’un maximum ou d’un minimum, l’accroissement et la diminution de la marée vers ces limites sont proportionnels aux carrés des temps écoulés depuis la haute ou la basse mer.

La hauteur de la pleine mer n’est pas constamment la même ; elle varie chaque jour, et ses variations ont un rapport évident avec les phases de la Lune ; elle est la plus grande vers le temps des pleines et des nouvelles lunes, ensuite elle diminue et devient la plus petite vers les quadratures. La plus haute marée à Brest n’a point lieu le jour même de la syzygie, mais un jour et demi après, en sorte que, si la syzygie arrive au moment d’une pleine mer, la troisième marée qui la suit est la plus grande. Pareillement, si la quadrature arrive au moment de la pleine mer, la troisième marée qui la suit est la plus petite. Ce phénomène s’observe à peu près également dans tous les ports de France, quoique les heures des marées y soient fort différentes.

Plus la mer s’élève lorsqu’elle est pleine, plus elle descend dans la basse mer suivante. Nous nommerons marée totale la demi-somme des hauteurs de deux pleines mers consécutives, au-dessus du niveau de la basse mer intermédiaire. La valeur moyenne de cette marée totale à Brest, dans les syzygies des équinoxes, est d’environ 5m,50 ; elle est de moitié plus petite dans les quadratures.

Si l’on considère avec attention ces résultats, on voit que le nombre des hautes mers étant égal à celui des passages de la Lune au méridien, soit supérieur, soit inférieur, cet astre a sur ce phénomène la principale influence. Mais de ce que les marées quadratures sont plus faibles que les marées syzygies, il résulte que le Soleil influe pareillement sur ce phénomène, et qu’il modifie l’influence lunaire. Il est naturel de penser que chacune de ces influences, si elles existaient