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Pour faciliter le calcul de l’or et de l’argent fin contenus dans les pièces de monnaie, on a fixé l’alliage au dixième de leur poids, et l’on a égalé celui du franc à 5 grammes. Ainsi, le franc étant un multiple exact de l’unité de poids, il peut servir à peser les corps, ce qui est utile au commerce.

Enfin, l’uniformité du système entier des poids et mesures a exigé que le jour fût divisé en dix heures, l’heure en cent minutes, et la minute en cent secondes. Cette division, qui va devenir nécessaire aux astronomes, est moins avantageuse dans la vie civile, où l’on a peu d’occasions d’employer le temps comme multiplicateur ou comme diviseur. La difficulté de l’adapter aux horloges et aux montres, et nos rapports commerciaux en horlogerie avec les étrangers ont fait suspendre indéfiniment son usage. On peut croire cependant qu’à la longue la division décimale du jour remplacera sa division actuelle, qui contraste trop avec les divisions des autres mesures pour n’être pas abandonnée.

Tel est le nouveau système des poids et mesures, que les savants ont offert à la Convention Nationale, qui s’est empressée de le sanctionner. Ce système, fondé sur la mesure des méridiens terrestres, convient également à tous les peuples. Il n’a de rapport avec la France, que par l’arc du méridien qui la traverse. Mais la position de cet arc est si avantageuse que les savants de toutes les nations, réunis pour fixer la mesure universelle, n’eussent point fait un autre choix. Pour multiplier les avantages de ce système et pour le rendre utile au monde entier, le Gouvernement français a invité les puissances étrangères à prendre part à un objet d’un intérêt aussi général. Plusieurs ont envoyé à Paris des savants distingués, qui, réunis aux commissaires de l’Institut National, ont déterminé par la discussion des observations et des expériences les unités fondamentales de poids et de longueur, en sorte que la fixation de ces unités doit être regardée comme un ouvrage commun aux savants qui y ont concouru et aux peuples qu’ils ont représentés. Il est donc permis d’espérer qu’un jour ce système, qui réduit toutes les mesures et leurs calculs à l’échelle et aux opéra-