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lionième partie d’un mètre cube d’eau distillée dans le vide, et à son maximum de densité. Par une singularité remarquable, ce maximum ne répond point au degré de la congélation, mais au-dessus, vers 4 degrés du thermomètre. En se refroidissant au-dessous de cette température, l’eau commence à se dilater de nouveau, et se prépare ainsi à l’accroissement de volume qu’elle reçoit dans son passage de l’état fluide à l’état solide. On a préféré l’eau comme étant une des substances les plus homogènes, et celle que l’on peut amener le plus facilement à l’état de pureté. M. Le Fèvre-Gineau a déterminé le gramme, par une longue suite d’expériences délicates sur la pesanteur spécifique d’un cylindre creux de cuivre, dont il a mesuré le volume avec un soin extrême ; il en résulte que la livre, supposée la vingt-cinquième partie de la pile de 50 marcs que l’on conserve à la Monnaie de Paris, est au gramme dans le rapport de 489,5058 à l’unité. Le poids de 1 000 grammes, que l’on nomme kilogramme ou livre décimale, est donc égal à la livre poids de marc multipliée par 2,04288.

Pour conserver les mesures de longueur et de poids, des étalons du mètre et du kilogramme, exécutés sous les yeux des commissaires chargés de déterminer ces mesures et vérifiés par eux, sont déposés dans les Archives Nationales et à l’Observatoire de Paris. Les étalons du mètre ne le représentent qu’à un degré déterminé de température : on a choisi celui de la glace fondante comme le plus fixe et le plus indépendant des modifications de l’atmosphère. Les étalons du kilogramme ne représentent son poids que dans le vide, ou à une pression insensible de l’atmosphère. Pour retrouver le mètre dans tous les temps sans être obligé de recourir à la mesure du grand arc qui l’a donné, il importait de fixer son rapport à la longueur du pendule à secondes ; cet objet a été rempli par Borda de la manière la plus précise.

Toutes les mesures étant comparées sans cesse à la monnaie, il était surtout important de la diviser en parties décimales. On a donné à son unité le nom de franc d’argent ; sa dixième partie s’appelle décime, et sa centième partie centime. On a rapporté au franc les valeurs des pièces de monnaie de cuivre et d’or.