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MÉCANIQUE CÉLESTE.

considérable est celle qui affecte le mouvement de Saturne. Elle se confondrait avec l’équation du centre si cinq fois le moyen mouvement de cette planète était exactement égal à deux fois celui de Jupiter. C’est elle qui, dans le dernier siècle, a rendu les retours de Saturne à l’équinoxe du printemps plus prompts que ses retours à l’équinoxe d’automne, comme Lalande l’avait remarqué. En général, lorsque j’eus reconnu ces diverses inégalités et déterminé, avec plus de soin qu’on ne l’avait fait, celles que l’on avait déjà calculées, je vis toutes les observations anciennes et modernes représentées par ma théorie avec la précision qu’elles comportent. Elles semblaient, auparavant, inexplicables par la loi de la pesanteur universelle : elles en sont maintenant une des preuves les plus frappantes. Tel a été le sort de cette brillante découverte, que chaque difficulté qui s’est élevée est devenue pour elle un nouveau sujet de triomphe, ce qui est le plus sur caractère du vrai système de la nature. Il restait à former des Tables de Jupiter et de Saturne fondées sur ma théorie, ce qui exigeait une discussion nouvelle des meilleures observations, et leur comparaison avec ma théorie, pour en déduire les éléments du mouvement elliptique. Delambre exécuta ce travail et les Tables qu’il construisit ne s’écartèrent pas d’une minute des observations bien faites et bien discutées. Il appliqua mes formules à la planète Uranus, que Herschel venait de découvrir, et il parvint à représenter par ses Tables, non-seulement les observations faites depuis cette découverte, mais encore quelques observations de Flamsteed, Mayer et Bradley, qui avaient observé cette planète, en la considérant comme une étoile. Désirant donner aux Tables de ces trois planètes la plus grande précision, j’ai revu avec un soin particulier leur théorie, et, M. Bouvard l’ayant comparée avec un grand nombre d’observations faites avec d’excellents instruments et par les meilleurs observateurs, il a construit de nouvelles Tables de ces trois planètes, qui ne s’écartent pas de ces observations au delà de 13 secondes sexagésimales. Dans les équations de condition qu’il a formées pour déterminer les éléments elliptiques, il a laissé comme indéterminées les corrections des masses de ces planètes,