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équinoxes, cette influence décroît en raison du cube de la distance, tandis que l’attraction ne diminue qu’en raison du carré de la distance.

Il paraît donc que l’état solide dépend de l’attraction des molécules, combinée avec leur figure, en sorte qu’un acide, quoique exerçant sur une base une moindre attraction à distance que sur une autre base, se combine et cristallise de préférence avec elle, si, par la forme de ses molécules, son contact avec cette base est plus intime. L’influence de la figure, sensible encore dans les fluides visqueux, est nulle dans ceux qui jouissent d’une fluidité parfaite. Enfin tout porte à croire que, dans l’état gazeux, non-seulement l’influence de la figure des molécules, mais encore celle de leurs forces attractives est insensible par rapport à la force révulsive de la chaleur. Ces molécules ne paraissent être alors qu’un obstacle à l’expansion de cette force ; car on peut, sans changer la tension d’un volume donné d’un gaz quelconque, substituer à plusieurs de ses molécules disséminées dans ce volume un pareil nombre de molécules d’un autre gaz. C’est la raison pour laquelle divers gaz, mis en contact, finissent à la longue par se mêler d’une manière uniforme ; car ce n’est qu’alors qu’ils sont dans un état stable d’équilibre. Si l’un de ces gaz est de la vapeur, l’équilibre n’est stable que dans le cas où cette vapeur disséminée est en quantité égale ou moindre que celle de la même vapeur qui se répandrait à la même température dans un espace vide égal à celui qu’occupe le mélange. Si la vapeur est en plus grande quantité, l’excédant doit, pour la stabilité de l’équilibre, se condenser sous forme liquide.

La considération de la stabilité de l’équilibre d’un système de molécules réagissant les unes sur les autres est très-utile pour l’explication de beaucoup de phénomènes. De même que, dans un système de corps solides et fluides animés par la pesanteur, la Mécanique nous montre plusieurs états d’équilibre stable, la Chimie nous offre dans la combinaison des mêmes principes divers états permanents. Quelquefois deux principes s’unissent ensemble, et les molécules formées de leur union s’unissent à celles d’un troisième principe. Telle est, selon toute apparence, la combinaison des principes constituants d’un acide avec une