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bas de la surface du même liquide s’élevait, à la même température, de dans un tube de verre dont le diamètre était de d’où l’on tire

La formule précédente donne ainsi pour l’élévation de l’alcool dans le large tube, dans lequel l’expérience a donné cette élévation égale à La différence est dans les limites des erreurs soit de l’expérience, soit de la formule elle-même, qui n’est qu’approchée.

Considérations générales.

On voit, par ce qui précède, l’accord qui existe entre les phénomènes capillaires et les résultats de la loi d’attraction des molécules des corps, décroissante avec une extrême rapidité, de manière à devenir insensible aux plus petites distances perceptibles à nos sens. Cette loi de la nature est la source des affinités chimiques : semblable à la pesanteur, elle ne s’arrête point à la superficie des corps, mais elle les pénètre en agissant au delà du contact, à des distances imperceptibles. De là dépend l’influence des masses dans les phénomènes chimiques, ou cette capacité de saturation dont M. Berthollet a si heureusement développé les effets. Ainsi deux acides, en agissant sur une même base, se la partagent en raison de leurs affinités avec elle, ce qui n’aurait point lieu si l’affinité n’agissait qu’au contact ; car alors l’acide le plus puissant retiendrait la base entière. La figure des molécules élémentaires, la chaleur et d’autres causes, en se combinant avec cette loi générale, en modifient les effets. La discussion de ces causes et des circonstances qui les développent est la partie la plus délicate de la Chimie, et constitue la philosophie de cette science, en nous faisant connaître, autant qu’il est possible, la nature intime des corps, la loi des attractions de leurs molécules et celle des forces étrangères qui les animent.

Les molécules d’un corps solide ont la position dans laquelle leur