Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/482

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le point le plus bas de la surface ; or cette surface est à fort peu près celle d’une demi-sphère, par le no 12 de ma théorie de l’action capillaire ; le volume du ménisque est donc et, par conséquent, le volume entier de la colonne est Mais ce volume doit être, par ce qui précède, proportionnel au contour de la base ; est donc une quantité constante dans les divers tubes capillaires ; ainsi, pour avoir des quantités réciproques aux diamètres des tubes capillaires, il faut ajouter à la hauteur du point le plus bas de la surface fluide le tiers du rayon du tube ou le sixième du diamètre.

Imaginons présentement un tube de verre recourbé dont la plus courte branche soit capillaire et dont la plus longue branche soit très-large et forme un vase d’une grande capacité. En versant de l’alcool dans ce vase, ce fluide s’élèvera dans la branche capillaire au-dessus de son niveau dans le vase. En continuant de verser de l’alcool, il s’élèvera de plus en plus dans la branche capillaire ; mais, dans l’état d’équilibre de ce fluide, la différence de son niveau dans les deux branches sera toujours la même, jusqu’à ce que le fluide soit parvenu à l’extrémité de la branche capillaire. Alors, si l’on continue de verser de l’alcool dans le vase, sa surface dans la branche capillaire devient de moins en moins concave, et, lorsque sa surface dans le vase est de niveau avec l’extrémité de la branche capillaire, sa surface dans cette branche est horizontale.

Nous avons observé dans la théorie de l’action capillaire que, si l’action du verre sur un fluide surpasse celle du fluide sur lui-même, une couche de ce fluide adhère aux parois du verre et forme avec ces parois un nouveau corps, dont l’action sur le fluide est la même que celle du fluide sur lui-même ; on peut donc, relativement aux fluides qui mouillent exactement le verre, supposer que son action sur eux est égale à leur action sur eux-mêmes. Ainsi, dans le cas précédent, l’alcool est dans l’état où il serait dans la supposition où une masse indéfinie de ce fluide, en équilibre dans un vase, viendrait à se consolider en partie, de manière à former un tube capillaire communiquant avec le fluide non congelé. Il est visible que cette supposition ne change