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distance de la goutte à la ligne d’intersection des plans que les différences sont les plus considérables, et il est visible, par l’analyse du no 10, que cela doit être, parce que dans la plus grande distance la goutte n’a pas encore assez de largeur relativement à son épaisseur, et dans la plus petite distance sa largeur a un trop grand rapport à sa distance de la ligne d’intersection.

C’est à cette expérience d’Hawksbee que se rapporte le passage suivant de Newton dans son Optique (Question 31) : « Si l’on prend deux plaques de verre planes et polies de ou pouces de large et de ou pouces de long, qu’on les couche, l’une parallèle à l’horizon et l’autre sur celle-là, de telle manière qu’en se touchant par une de leurs extrémités elles forment un angle d’environ ou minutes ; qu’auparavant on ait mouillé leurs plans intérieurs avec un linge net trempé dans de l’huile d’orange ou dans de l’esprit de térébenthine, et qu’on ait fait tomber une ou deux gouttes de cette huile ou de cet esprit sur l’extrémité du verre inférieur la plus éloignée de l’angle susdit ; aussitôt que la plaque supérieure aura été placée sur l’inférieure, de sorte que (comme on vient de le dire) elle la touche par un bout et qu’elle touche la goutte par l’autre bout, les deux plaques faisant un angle d’environ ou minutes, dès lors la goutte commencera de se mouvoir vers les deux plaques de verre et continuera à se mouvoir d’un mouvement accéléré jusqu’à ce qu’elle y soit parvenue ; car les deux verres attirent la goutte et la font courir du côté vers lequel les attractions inclinent. Et si, dans le temps que la goutte est en mouvement, vous levez en haut l’extrémité des verres par où ils se touchent et vers où la goutte s’avance, la goutte montera entre les deux verres, et, par conséquent, elle est attirée. À mesure que vous lèverez plus haut cette extrémité des verres, la goutte montera toujours plus lentement, et, s’arrêtant enfin, elle sera autant entraînée en bas par son propre poids qu’elle était emportée en haut par attraction. Par ce moyen, vous pouvez connaître par quel degré de force la goutte est attirée à toutes les distances du concours des verres. »

Or, par quelques expériences de ce genre, faites par feu M. Hawks-