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le concours des forces dues à la concavité et à la convexité des surfaces. On verra dans la suite que l’on peut ainsi élever l’eau dans les tubes capillaires à une plus grande hauteur au-dessus de son niveau que lorsqu’on les plonge dans un vase rempli de ce fluide.

L’équation différentielle de la surface des fluides renfermés dans des espaces capillaires de révolution conduit à ce résultat général, savoir que, si dans un tube cylindrique on introduit un cylindre qui ait le même axe que le tube et qui soit tel que l’espace compris entre sa surface et la surface intérieure du tube ait très-peu de largeur, le fluide s’élèvera dans cet espace à la même hauteur que dans un tube dont le rayon est égal à cette largeur. Si l’on suppose les rayons du tube et du cylindre infinis, on a le cas du fluide renfermé entre deux plans verticaux et parallèles très-proches l’un de l’autre. Le résultat précédent est vérifié à cette limite par des expériences faites autrefois en présence de la Société royale de Londres et sous les yeux de Newton, qui les a citées dans son Optique, Ouvrage admirable, dans lequel ce profond génie a jeté en avant de son siècle un grand nombre de vues originales que la Chimie moderne a confirmées. M. Haüy a bien voulu faire, à ma prière, quelques expériences vers l’autre limite, c’est-à-dire en employant des tubes et des cylindres d’un très-petit diamètre, et il a trouvé le résultat précédent aussi exact à cette limite qu’à la première.

Les phénomènes que présente une goutte fluide en mouvement ou suspendue en équilibre, soit dans un tube capillaire conique, soit entre deux plans très-peu inclinés l’un à l’autre, sont très-propres à vérifier notre théorie. Une petite colonne d’eau, dans un tube conique ouvert par ses deux extrémités et maintenu horizontalement, se porte vers le sommet du tube, et l’on voit que cela doit être. En effet, la surface de la colonne fluide est concave à ses deux extrémités ; mais le rayon de cette surface est plus petit du côté du sommet que du côté de la base ; l’action du fluide sur lui-même est donc moindre du côté du sommet, et par conséquent la colonne doit tendre vers ce côté. Si la colonne fluide est de mercure, alors sa surface est convexe, et son rayon est moindre encore vers le sommet que vers la base ; mais, à