Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 4.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

attirant. Il en résulte que, pour satisfaire aux phénomènes, il faut supposer à ce fluide une vitesse excessive et cent millions de fois au moins plus grande que celle de la lumière. Cette vitesse serait infinie, dans les hypothèses admises par les géomètres sur l’action de la gravité ; ces hypothèses peuvent donc être employées sans crainte d’erreur sensible. Nous observerons ici que ces diverses causes d’altération dans les moyens mouvements des planètes et des satellites n’en produisent aucune dans la position de leurs apsides, et, comme il est constant, par les observations, que le mouvement du périgée lunaire est assujetti à une équation séculaire très-sensible, on doit en conclure que ce n’est point à la résistance ni à l’impulsion d’un fluide qu’il faut attribuer les équations séculaires de la Lune. Nous en avons développé dans le Livre VII les lois et la véritable cause.

Enfin, je termine ce Volume par un Supplément aux théories de la Lune et des planètes. Jupiter, Saturne et Uranus forment un système à part, sur lequel les planètes inférieures n’ont point d’influence sensible, mais qui, par l’action mutuelle de ces trois corps, est soumis à de grandes inégalités, que j’ai développées dans le Livre VI. La découverte de ces inégalités a donné aux Tables de Jupiter et de Saturne une précision inespérée. Pour les perfectionner encore, Bouvard a discuté de nouveau, et avec le plus grand soin, toutes les oppositions de ces deux planètes, depuis Bradley jusqu’à nous, observées à Greenwich et à Paris, au moyen de grandes lunettes méridiennes et des meilleurs quarts de cercle. De mon côté, j’ai revu leur théorie avec une attention particulière, et cela m’a conduit à quelques inégalités nouvelles, qui ont sensiblement rapproché mes formules des observations. Ces formules, réduites en Tables par Bouvard, représentent avec une exactitude remarquable les observations modernes, celles de Flamsteed, de Tycho, et même des Arabes et des Grecs, et les observations chaldéennes, que Ptolémée nous a transmises dans son Almageste. Cette précision singulière avec laquelle Jupiter et Saturne ont obéi, depuis les temps les plus reculés, aux lois de leur action mutuelle nous prouve que l’influence des causes étrangères au système planétaire est insen-