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vérifier par un grand nombre d’observations et d’expériences. Le moyen qui me semble le plus propre à cet objet consiste à observer dans les grands froids et dans les fortes chaleurs, dans les grandes hauteurs et dans les abaissements extrêmes du baromètre, les hauteurs méridiennes de quelques étoiles qui ne s’élèvent que de 12 ou 15 degrés sur l’horizon. On a commencé dans cette vue, à l’Observatoire de Paris, une suite d’observations que l’on se propose de continuer pendant un grand nombre d’années. La théorie suppose encore la densité constante dans une même couche d’air concentrique à la Terre, et il est possible que les vents et d’autres causes y produisent des variations de densité qu’il est impossible de connaître et qui cependant doivent influer sur les réfractions : c’est à cela que l’on doit principalement attribuer les petites différences que présentent les observations d’un même astre en différents jours. Quelque perfection que l’on donne aux instruments d’Astronomie, cette cause d’erreur sera toujours un obstacle à l’extrême précision des observations.

Les recherches précédentes, fondées sur la constitution de l’atmosphère, m’ont conduit à une formule très-simple pour mesurer la hauteur des montagnes par le baromètre, formule dans laquelle j’ai eu égard aux variations de la pesanteur, dues à la différence des latitudes et des élévations au-dessus du niveau des mers. J’aurais bien désiré pouvoir y introduire les indications de l’hygromètre ; mais nous manquons d’expériences suffisantes pour cet objet. Ramond a déterminé avec beaucoup d’exactitude le coefficient principal de cette formule, au moyen des observations nombreuses et précises du baromètre qu’il a faites sur plusieurs montagnes dont la hauteur est bien connue.

L’atmosphère éteint en partie les rayons de lumière qui la traversent. Je détermine la loi de cette extinction, qui doit pareillement avoir lieu dans l’atmosphère du Soleil. Il résulte de mes formules, comparées à une expérience curieuse de Bouguer sur l’intensité de la lumière des divers points du disque solaire, que cet astre, dépouillé de son atmosphère, nous paraîtrait douze fois plus lumineux.

L’un des principaux arguments que l’on opposa au mouvement de la