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Jusqu’à présent on n’a point fait usage des indications de l’hygromètre dans le calcul des réfractions ; il serait à désirer que l’on déterminât par des expériences directes l’influence de l’humidité de l’air sur ces phénomènes. J’essaye d’y suppléer en supposant que les forces réfringentes de l’eau et de sa vapeur sont proportionnelles à leurs densités respectives. Dans cette hypothèse vraisemblable, la force réfringente de cette vapeur surpasse celle de l’air de même densité ; mais, comme à pressions égales l’air surpasse en densité la vapeur aqueuse, il en résulte que la réfraction due à cette vapeur répandue dans l’atmosphère est à peu près la même que celle de l’air dont elle occupe la place, en sorte que l’eff’et de l’humidité de l’air sur les réfractions est presque insensible. C’est ce que confirment quelques observations de hauteurs méridiennes du Soleil vu à travers des nuages qui laissaient apercevoir distinctement ses bords ; la réfraction de sa lumière n’a point paru changée par cette circonstance.

On sait que l’air est un mélange des deux gaz azote et oxygène. Il est vraisemblable que la force réfringente n’est pas la même pour chacun d’eux et qu’ainsi celle de l’atmosphère changerait si la proportion de ces gaz venait à s’altérer. Mais il suit des expériences nombreuses et très-précises d’Humboldt et de Gay-Lussac que cette proportion reste toujours à très-peu près constante à la surface de la Terre, et, Gay-Lussac étant allé dans un ballon recueillir de l’air atmosphérique à plus de 6500 mètres de hauteur, l’analyse de cet air lui a donné entre ces deux gaz le même rapport qui a lieu à la surface de la Terre.

La force réfringente de l’atmosphère peut être déterminée soit par des expériences directes sur la réfraction de l’air, soit par les observations astronomiques. Le grand nombre et l’exactitude de ces observations m’ont fait préférer ce dernier moyen, et j’en ai conclu, pour avoir les réfractions au-dessus de 12 degrés de hauteur apparente, une formule que je crois très-exacte, du moins si la force réfractive de l’air est en raison de sa densité, et si sa température et son humidité n’ont point sur elle d’influence sensible, trois choses qu’il importe de