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mesurée par la hauteur 0m,76 du baromètre. Tobie Mayer, physicien aussi exact que grand astronome, avait trouvé, par des expériences dont il garantit l’exactitude, que par le même accroissement de température le volume 1 se change dans 1,380, ce qui diffère très-peu du résultat précédent, avec lequel les expériences de Dalton sont parfaitement d’accord. Pour avoir la marche correspondante de deux thermomètres d’air et de mercure, Gay-Lussac a divisé exactement en deux parties égales les volumes que ces deux fluides remplissaient dans chaque thermomètre, depuis le degré de la glace fondante jusqu’à celui de l’ébullition de l’eau, ce qui lui a donné le degré 5o de chaque thermomètre. En les plongeant dans un bain d’eau élevé à cette température, il a observé que leurs différences étaient toujours extrêmement petites et alternativement de signes contraires, en sorte que la différence moyenne, déterminée par vingt expériences, a été insensible, d’où l’on doit conclure que, depuis zéro jusqu’à la chaleur de l’eau bouillante, la marche des deux thermomètres est à très-peu près la même. Ces résultats suffisent à la théorie des réfractions, dans laquelle on n’a besoin que de connaître la densité de l’air correspondante aux indications du baromètre et du thermomètre. Mais dans la théorie de la chaleur il est nécessaire d’apprécier les degrés réels de chaleur indiqués par ceux du thermomètre à mercure, et c’est ce que les expériences dont je viens de parler donneraient avec beaucoup d’exactitude, si les accroissements de la chaleur d’une masse d’air, soumise à une pression constante, étaient proportionnels à ceux de son volume. Or cette hypothèse est au moins très-vraisemblable ; car, si l’on conçoit que, le volume d’air restant toujours le même, sa température augmente, il est très-naturel de penser que sa force élastique, dont la chaleur est la cause, augmentera dans le même rapport. En le soumettant dans ce nouvel état à la pression qu’il éprouvait dans le premier, son volume croîtra comme sa force élastique, et par conséquent comme sa température. Le thermomètre à air me paraît donc indiquer exactement les variations de la chaleur ; mais, sa construction étant difficile, il suffit d’avoir comparé, par des expériences précises, sa marche avec celle du thermomètre à mercure.