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trouvait un homme digne de Newton, là même où tant d’autres hommes s’étaient montrés les dignes élèves de Luxembourg et de Turenne.

Plus d’une fois, Messieurs, vous avez entendu M. de Laplace à cette tribune ; et, soit qu’il appliquât aux chiffres du budget la clarté de ses formules, soit qu’il attachât son raisonnement aux formes de l’instruction criminelle, soit enfin que l’exportation des grains ou la constitution de l’amortissement appelassent votre attention et ses avis, vous avez toujours été frappés de ce qu’une si grande richesse de lumières, une si grande profondeur de méditations répandaient tout d’un coup de clair et d’imprévu sur les questions qui vous étaient soumises. Votre bienveillance, votre estime étaient ce que M. de Laplace avait de plus cher : il en sentait vivement le prix, il les recevait avec une modeste reconnaissance. Les bontés du roi, plus particulièrement épanchées sur sa famille, récompensaient une fois de plus, dans son fils, l’illustration du père. Tout était honneur et repos pour M. de Laplace : c’était apparemment le repos qui précède le départ. M. de Laplace tomba malade et nous fut rapidement enlevé. Les dernières prières l’accompagnèrent ; et cet homme, qui avait expliqué au monde le monde lui-même, disparut d’an milieu de nous.

Permettez à ceux qui l’avaient aimé depuis 50 ans, Messieurs, d’espérer que vous conserverez son souvenir. L’Europe lui décernera assez de renommée, la Science assez de reconnaissance ; mais c’est ici qu’il faut désirer de laisser quelque mémoire. C’est à vous qu’il faut demander la bienveillance qu’on est si heureux d’obtenir pendant sa vie, le souvenir qu’on doit désirer après sa mort. Tout ce qui est et sera grand est réuni dans cette enceinte : vous y avez accueilli M. de Laplace ; conservons à son nom ce qu’il méritait d’hommages, et que son illustration y soit accueillie aussi par tant d’anciennes, par tant d’éclatantes gloires.

fin du tome quatorzième et dernier.