Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 14.djvu/406

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ronne, au-dessous de tout ce qui le menace et le protège, cherche quelles lois l’éternel auteur de toutes choses voulut imprimer à ce Monde, né de sa volonté. Suivez M. de Laplace lui-même dans l’Exposition du système du Monde. Il commence par y mettre l’homme comme en présence delà nature : il jette un regard d’admiration, je dirais presque de crainte, sur l’immensité de ce divin spectacle : et puis, son œil, fixé tour à tour sur chacun des astres qui l’éclairent, examine leur marche et suit leur mouvement. Sa raison calcule, entre tous ces mouvements, les rapports et les différences. Une loi générale en découle ; cette loi est comme exposée, décrite dans ses applications diverses. Cette grande harmonie des corps célestes est expliquée quant à son existence matérielle. Là, peut-être, est l’œuvre du génie ; là, l’auteur s’arrête. Savant, il rapporte à Newton la découverte première de ces grands phénomènes : homme, il reconnaît sa faiblesse et son peu de puissance : et tout ce qu’il vient de révéler aux autres n’est pour lui qu’un témoignage de tout ce qui reste hors de l’intelligence humaine.

Dix années s’étaient passées au milieu de ces travaux, et ces dix années avaient amené la Révolution au point où elle devait se briser devant la puissance et la gloire que donnent les conquétes. Le gouvernement directorial venait de céder la place au gouvernement consulaire. Les sciences reprirent alors tout leur éclat. Elles avaient sauvé M. de Laplace en des jours de danger ; elles furent appelées à lui procurer un autre hommage. Chargé du soin si difficile alors de régénérer l’intérieur de nos provinces, il porta dans le Ministère la simplicité de ses mœurs, la douceur de sa vertu, un zèle que l’on connut trop mal. Mais bientôt il échangea ce pesant honneur contre un titre qui le rendait à la société des amis qu’il n’avait cessé d’aimer, à la culture des sciences qu’il regrettait sans cesse. Depuis lors, sa vie fut consacrée à de nobles soins. Il devint, pour les étrangers qui cherchaient à profiter de ce qu’il avait fait, pour les jeunes gens qui entraient dans la carrière, pour les savants et les hommes de lettres qui commençaient à se distinguer, un guide aussi constant qu’aimable. Tous ceux qui