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on exige chez plusieurs peuples que les jurés délibèrent jusqu’à ce qu’ils soient d’un avis unanime ; mais alors de nouveaux inconvénients se présentent, on donne ainsi à l’obstination des jurés, à leur tempérament, à leurs habitudes et à mille autres causes étrangères au jugement, une influence quelquefois préjudiciable, au point de faire prévaloir l’opinion de la minorité des jurés.

Disons donc que tout, dans ce monde, à ses inconvénients et ses avantages. C’est dans leur juste appréciation que consiste la difficulté de bien choisir et de faire d’utiles innovations. Ne changeons nos lois qu’avec une circonspection extrême ; mais adoptons avec empressement les améliorations évidemment indiquées par le bon sens et par l’humanité.

On objecte enfin que l’adoption du projet de loi consacrerait l’intervention des juges, qui parait contraire à l’institution du jury. Mais, en améliorant une loi existante, le législateur ne s’est jamais interdit la faculté d’en revoir l’ensemble et d’y taire les changements que l’expérience et un examen approfondi auront fait juger avantageux. C’est surtout dans l’importante loi du jury que cet examen demande de longues et mûres réflexions. Il ne faut donc voir dans le projet de loi qui vous est présenté qu’une correction urgente d’un abus grave qui, chaque jour, peut compromettre l’innocence. C’est sous ce point de vue que j’ai proposé ce même projet il y a plus de 4 ans et que je m’empresse de l’adopter aujourd’hui.


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