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l’arpentage des communes. Ainsi les mesures partielles sont restreintes dans leurs écarts par les triangles qui les circonscrivent ; les négligences des arpenteurs sont reconnues et rectifiées. De là résulte un système d’opérations bon dans ses détails et parfait dans son ensemble.

La France a pour l’exécution de ce système tous les moyens qu’on peut désirer : les savants les plus capables de le diriger ; un corps d’ingénieurs-géographes très instruits, qui ont fait ce qu’on a de mieux en ce genre, et auxquels on peut adjoindre des officiers d’artillerie et du génie. Le cadastre leur offre l’occasion la plus favorable de s’exercer aux opérations qu’ils doivent exécuter pendant la guerre. C’est ainsi que la Prusse continue au delà du Rhin les travaux topographiques de nos ingénieurs ; elle ne peut pas suivre de meilleurs modèles.

Déjà l’une des lignes fondamentales dont je viens de parler traverse la France depuis Dunkerque jusqu’à Perpignan. Une perpendiculaire dirigée de Strasbourg à Brest est commencée. La première de ces lignes, tracée avec une précision extrême, a été prolongée au delà des Pyrénées, jusqu’à l’Ile de Formentera, dans la Méditerranée. Grâce aux soins éclairés du Ministre de l’Intérieur pour le progrès des sciences, cette ligne va s’étendre au nord jusqu’à Yarmouth. Le colonel Mudge qui, suivant la méthode que j’ai citée, lève avec autant d’habileté que de zèle les plans de l’Angleterre et de l’É\cose, doit se réunir aux savants français et concourir avec eux au prolongement de notre méridienne, L’étendue actuelle de ce grand arc comprend un septième environ de la distance du pôle à l’équateur. On a observé les latitudes de ses points extrêmes et de plusieurs points intermédiaires, et l’on a mesuré les longueurs correspondantes du pendule à secondes : ce qui répand une vive lumière sur la figure de la Terre et sur les inégalités de ses degrés et de la pesanteur. Cette opération, la plus belle de ce genre qu’on ait encore entreprise, est la base du système métrique et décimal des poids et mesures, dont l’adoption générale serait un grand bienfait des gouvernements. Complément heureux de notre système admirable de numération et, comme lui, convenant également à tous