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a depuis présentées d’une manière fort simple et fort générale dans les Mémoires de Berlin et de Pétershourg, je n’aurais jamais osé entreprendre de traiter la matière qui fait l’objet de mes recherches.

J’ai toujours cultivé les Mathématiques par goût plutôt que par le désir d’une vaine réputation, dont je ne fais aucun cas. Mon plus grand amusement est d’étudier la marche des inventeurs, de voir leur génie aux prises avec les obstacles qu’ils ont rencontrés et qu’ils ont su franchir ; je me mets alors à leur place et je me demande comment je m’y serais pris pour surmonter ces mêmes obstacles, et quoique cette substitution n’ait, le plus souvent, rien que d’humiliant pour mon amour-propre, cependant le plaisir de jouir de leur succès me dédommage amplement de cette petite humiliation. Si je suis assez heureux pour ajouter quelque chose à leurs travaux, j’en attribue tout le mérite à leurs premiers efforts, bien persuadé que dans ma position ils auraient été beaucoup plus loin que moi. Vous voyez par là, mon cher Confrère, que personne ne lit vos Ouvrages avec plus d’attention et ne cherche mieux à en faire son profit que moi ; aussi personne n’est plus disposé à vous rendre une justice plus entière, et je vous prie de me regarder comme un de ceux qui vous aiment et qui vous admirent le plus. C’est dans ces sentiments que j’ai l’honneur d’être, Monsieur et illustre Confrère,

Votre très humble et très obéissant serviteur,
Laplace.
5. LAPLACE À D’ALEMBERT[1].
1777

Vous avez eu raison, mon très cher et très illustre Confrère, de soupçonner que le problème de l’équilibre des sphéroïdes homogènes n’est

  1. Folio 10. Adresse : À Monsieur, Monsieur d’Alembert, de l’Académie des Sciences et Secrétaire perpétuel de l’Académie française, au Louvre.