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des liquides et des solides relativement au calorique qu’ils peuvent abandonner dans une circonstance et à celui qui est retenu dans un plus grand état de condensation.

La Note V de la page 245[1] ayant été écrite à la hâte, j’ai reconnu depuis son impression qu’elle doit être modifiée : il n’est point exact de dire que la force révulsive de deux molécules voisines d’un gaz est toujours la même, à température égale, quelle que soit sa condensation. Cette force est proportionnelle à la température et réciproque à la distance mutuelle de ces molécules ou, ce qui revient au même, à la racine cubique du volume du gaz dans ses divers états de condensation ou de raréfaction. Pour le démontrer, considérons un volume de gaz réduit par la compression à sa huitième partie ; il y aura, dans ce nouvel état, quatre fois plus de molécules et, par conséquent, quatre fois plus de ressorts appliqués à une surface donnée ; ainsi, puisque la pression est huit fois plus grande, il est nécessaire que la tension de chacun de ses ressorts soit deux fois plus considérable ; elle est donc réciproque à la distance mutuelle des molécules voisines qui, dans cet état, est deux fois moindre. Le raisonnement qui termine la Note citée lie cette propriété générale à celle d’une dilatation égale pour tous les gaz par des accroissements égaux de température. Il paraît encore que, dans le gaz condensé, il y a plus de chaleur à volume égal, puisque le ressort des molécules voisines est alors augmenté ; par conséquent, si le volume est réduit par la compression à la moitié, il s’en dégage moins que la moitié de la chaleur qu’il contenait dans son premier état, ce qui est conforme à l’expérience et à la vitesse observée du son.


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  1. Voir plus haut, p. 329.