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à peu près la même intensité lorsqu’on fait touner le prisme ; mais, au delà d’une certaine limite, une des images s’allaiblit très sensiblement et finit par s’éteindre quand, par ce mouvement du prisme, le rayon réfléchi se trouve dans la section principale de la face prismatique qui le reçoit. L’angle de réflexion, nécessaire pour la disparition de l’image, varie avec la nature de la substance réfléchissante. M. Malus l’a mesuré avec soin pour diverses substances ; il l’a trouvé de pour l’eau et de pour le verre. Mais il est fort singulier que ce phénomène n’ait point lieu, du moins sensiblement, dans la réflexion des images par les miroirs métalliques. M. Malus a observé que cette réflexion et la réfraction des substances non cristallisées ne modifient point, d’une manière sensible, la lumière et n’altèrent point les modifications qu’elle a recues. Pour analvser plus particulièrement le phénomène que nous venons d’exposer, M. Malus a voulu connaître directement ce que devient un rayon extraordinaire lorsqu’il tombe sur la surface d’un corps diaphane sous l’angle qui convient à la production du phénomène. Il était naturel de penser qu’aucune partie de ce rayon n’est alors réfléchie, mais qu’il est entièrement absorbé par le corps, puisque, sous cet angle, la surface ne réfléchit que les rayons ordinaires. L’expérience a confirmé ce résultat. M. Malus a disposé la section principale d’un cristal d’Islande dans le plan vertical d’incidence d’un rayon de lumière ; ensuite, après avoir divisé ce rayon à l’aide de la double réfraction, il a reçu les deux faisceaux partiels sur la surface de l’eau et sous l’angle de une partie du rayon ordinaire a été réfléchie, mais aucune partie du rayon extraordinaire ne l’a été, tout le rayon a pénétré dans le liquide. En disposant ensuite la section principale du cristal dans un plan perpendiculaire à celui d’incidence, une partie du rayon extraordinaire a été réfléchie, tandis que le rayon ordinaire a été totalement absorbé[1].

  1. Depuis la lecture de ce Rapport, M. Malus a reconnu, par l’expérience, le fait suivant qu’on peut facilement ramener à la théorie des forces attractives et révulsives à des distances insensibles et qui montre que les phénomènes de la double réfraction dépendent de semblables forces. Une partie d’un rayon lumineux qui a pénétré dans un milieu diaphane est réfléchie à la surface par laquelle il sort ; et cette réflexion, sous un