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leur spécifique des gaz[1]. Ces habiles physiciens ont mesuré les quantités de chaleur que dégagent, par un abaissement de température d’environ deux volumes égaux d’air atmosphérique : l’un comprimé par le poids de l’atmosphère, l’autre comprimé par ce même poids augmenté de trente-six centièmes. Ils ont trouvé que la chaleur dégagée, relative à la plus grande pression, était la chaleur relative à la plus petite pression étant l’unité. Il faut donc, suivant le théorème précédent, pour avoir la vitesse réelle du son, multiplier la vitesse déduite de la formule de Newton par la racine carrée du rapport de trente-six centièmes à vingt-quatre centièmes ou par la racine de À la température de cette formule donne pour l’espace que le son doit parcourir dans une seconde sexagésimale. En la multipliant par cet espace devient égal à Les académiciens français l’ont observé de La différence de ces deux résultats peut tenir à l’incertitude des expériences ; mais la petitesse de cette différence établit d’une manière incontestable que l’excès de la vitesse observée du son sur sa vitesse calculée par la formule newtonienne est dû à la chaleur latente que la compression de l’air développe.

Il résulte de ce qui précède que la pression étant constante, si l’on augmente un volume donné d’air en élevant sa température et qu’en suite on le réduise par la compression à son volume primitif, il dégagera par cette compression un tiers de la chaleur employée. Il est à désirer que les physiciens déterminent, par des expériences directes, le rapport des chaleurs spécifiques de l’air à pression constante et de l’air à volume constant, rapport que nous venons de trouver égal à La vitesse du son, observée par les académiciens français, donne pour ce rapport ; peut-être, vu la difficulté des expériences directes, cette vitesse est le moyen le plus précis de l’obtenir.

J’ai conclu [p. 166, Cahier d’octobre[2]] les vitesses du son dans

  1. Œuvres de Laplace, T. V, Liv. XII, p. 143.
  2. Id., T. XIV, p. 293.