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deux horloges dont la marche était égale, il les vit avec surprise osciller en sens contraire, les oscillations de l’une d’elles commençant toujours au même instant où les oscillations de l’autre finissaient. Mais il est bien plus remarquable encore que cela ait lieu dans le cas même où il existe une légère différence dans la marche des deux horloges isolées. Ellicot a fait sur cet objet des expériences curieuses qu’il a consignées dans les Transactions philosophiques de l’année 1741 ; et M. Bréguet a obtenu des résultats semblables sur deux chronomètres placés très près l’un de l’autre. Je fais voir ici que ces phénomènes sont produits par le mouvement que les horloges impriment à la masse qui les soutient et par les vibrations qu’elles excitent dans ses molécules. Déjà les physiciens ont observé plusieurs effets très curieux de ces vibrations, parmi lesquels on doit surtout distinguer les phénomènes observés par M. Chladni sur les plaques et les verges sonores. Ce savant physicien en a déduit une méthode ingénieuse pour déterminer la vitesse du son dans les divers corps solides. Les recherches précédentes m’ont conduit au théorème suivant pour avoir cette vitesse dans les substances solides, liquides et aériformes.

Je suppose que l’on ait déterminé par l’expérience l’allongement qu’un mètre solide, placé horizontalement et fixe à l’une de ses extrémités, reçoit par l’action d’un poids égal au sien et qui agit à son autre extrémité : si la substance est fluide, je suppose que l’on ait déterminé le raccourcissement d’une colonne horizontale de ce fluide, de la longueur de et comprimée par un poids égal au sien. Cela posé, si l’on divise, par cet allongement ou ce raccourcissement, le double des mètres dont la pesanteur fait tomber les corps dans une seconde sexagésimale, la racine carrée de ce quotient sera le nombre de mètres que le son parcourt dans cette substance pendant le même intervalle.

Ainsi, Borda ayant observé qu’une règle de cuivre jaune, longue de pieds et demi et pesant onces, s’allonge, par l’action d’un poids de livres, de cinq parties trois quarts, chaque partie étant un cent millième de la toise ; il en résulte qu’une règle de s’allonge de par l’action d’un poids égal au sien. En divisant par