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qui fait rejaillir la lumière à la surface des corps soit inconnue, cependant, on peut la considérer comme une force révulsive qui rend, en sens contraire à la lumière, la vitesse qu’elle lui fait perdre, de même que l’élasticité restitue aux corps, en sens contraire, la vitesse qu’elle détruit. Or on sait que, dans ce cas, le principe de la moindre action subsiste toujours. À l’égard d’un rayon lumineux, soit ordinaire, soit extraordinaire, réfléchi par la surface extérieure d’un corps, ce principe se réduit à ce que la lumière parvient d’un point à un autre par le chemin le plus court de tous ceux qui rencontrent la surface. En effet, la vitesse de la lumière réfléchie est la même que celle de la lumière directe et l’on peut établir en principe général que, lorsqu’un rayon lumineux, après avoir éprouvé l’action de tant de forces que l’on voudra, revient dans le vide, il y reprend sa vitesse primitive. La condition du chemin le plus court donne l’égalité des angles de réflexion et d’incidence, dans un plan perpendiculaire à la surface, ainsi que Ptolémée l’avait déjà remarqué. C’est la loi générale de la réflexion à la surface extérieure des corps.

Mais lorsque la lumière, en entrant dans un cristal, s’est divisée en rayons ordinaire et extraordinaire, une partie de ces rayons est réfléchie par la surface intérieure à leur sortie du cristal. En se réfléchissant, chaque rayon, soit ordinaire, soit extraordinaire, se divise en deux autres ; en sorte qu’un rayon solaire, en pénétrant dans le cristal, forme par sa réflexion partielle, à la surface de sortie, quatre faisceaux distincts dont nous allons déterminer la direction.

Supposons d’abord les surfaces d’entrée et de sortie, que nous nommerons première et seconde face, parallèles ; donnons au cristal une épaisseur insensible, et cependant plus grande que la somme des rayons des sphères d’activité des deux faces. Dans ce cas on prouvera, par le raisonnement qui précède, que les quatre faisceaux réfléchis n’en formeront sensiblement qu’un seul, situé dans le plan d’incidence du rayon généra leur et formant, avec la première face, l’angle de réflexion égal à l’angle d’incidence. Restituons maintenant au cristal son épaisseur ; il est clair que, dans ce cas, les faisceaux réfléchis après