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mémoire sur le mouvement
d’un
corps qui tombe d’une grande hauteur.

Bulletin de la Société philomathique, t. III ; 1803.
Séparateur

Un corps qui tombe d’une hauteur considérable s’éloigne un peu de la verticale, en vertu du mouvement de rotation de la Terre ; cet écart bien observé est donc propre à manifester ce mouvement. Quoique la rotation de la Terre soit maintenant établie avec toute la certitude que les Sciences physiques comportent, cependant une preuve directe de ce phénomène doit intéresser les géomètres et les astronomes. Ils ont fait, en conséquence, plusieurs expériences sur la chute des corps qui tombent d’une grande hauteur et ils ont en même temps donné la théorie de ce mouvement ; mais leurs résultats présentent de grandes différences. Tous conviennent que le corps doit dévier vers l’est de la verticale, plusieurs pensent qu’il doit à la fois dévier vers l’équateur ; d’autres, enfin, prétendent que cette dernière déviation n’aurait point lieu dans le vide, mais qu’elle doit être produite par la résistance de l’air. Au milieu de ces incertitudes, j’ai cru qu’une analyse exacte de ce problème serait utile à ceux qui voudront comparer sur ce point la théorie aux observations. C’est l’objet de ce Mémoire dans lequel je donne la véritable expression de la déviation du corps, en ayant égard à la résistance de l’air et je fais voir que, quelles que soient cette résistance et la figure de la Terre, il ne doit point y avoir de déviation vers l’équateur.