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considérations
sur la
théorie des phénomènes capillaires.

Journal de Physique, t. LXXXIX ; 1819.
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J’ai donné, dans deux suppléments au dixième Livre de la Mécanique céleste[1], une théorie de ces phénomènes, fondée sur l’hypothèse d’attractions entre les molécules des corps qui cessent d’être sensibles à des distances sensibles. Déjà Newton, dans la question très étendue qui termine son Optique, avait attribué à ce genre d’attraction les phénomènes capillaires et tous les phénomènes chimiques. Il avait ainsi posé les vrais fondements de la Chimie ; mais ses idées, justes et profondes, ne furent pas alors mieux comprises que sa théorie du système du monde ; elles ont même été adoptées plus tard que cette théorie. À la vérité, ce géomètre n’ayant pas soumis au calcul, comme il l’avait fait pour les lois de Kepler, la loi principale des phénomènes capillaires, savoir : l’élévation ou la dépression des liquides dans un tube capillaire et cylindrique, en raison inverse de son diamètre, on pourrait élever des doutes sur la cause à laquelle il attribuait ce phénomène général ; car il ne suffit pas, pour expliquer les effets de la nature, de les faire dépendre vaguement d’un principe, il faut prouver par le calcul que ces effets en sont une suite nécessaire. Personne ne sentait mieux que Newton la nécessité de cette règle ; mais il a sans doute été arrêté par les difficultés du problème comme à l’égard de plusieurs points du système du monde, qu’il s’était contenté d’attri-

  1. Œuvres de Laplace, T. IV.