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sur la loi
de la
réfraction extraordinaire de la lumière
dans les cristaux diaphanes[1].

Journal de Physique, t. LXIII ; 1809.
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La vraie loi de la réfraction extraordinaire dans le cristal d’Islande a été découverte par Huygens. M. Malus, qui vient de la comparer à un très grand nombre d’expériences faites avec une extrême précision, sur les faces naturelles et artificielles de ce cristal, a reconnu qu’elle y satisfait exactement, en sorte qu’on doit la mettre au rang des plus certains comme des plus beaux résultats de la Physique. Huygens l’avait déduite d’une manière ingénieuse, de son hypothèse sur la propagation de la lumière qu’il concevait formée par les ondulations d’un fluide éthéré. Ce grand géomètre supposait, dans les milieux diaphanes ordinaires, la vitesse de ces ondulations, plus petite que dans le vide et la même dans tous les sens. Il imaginait, dans le cristal d’Islande, deux espèces d’ondulations : dans l’une, la vitesse est la même suivant toutes les directions ; dans l’autre, cette vitesse est variable et représentée par les rayons d’un ellipsoïde de révolution, dont le centre est au point d’incidence du rayon lumineux sur la face du cristal, et dont l’axe est parallèle à l’axe du cristal, c’est-à-dire à la droite qui joint les deux angles solides obtus du rhomboïde. Huygens n’assigne point la cause de cette variété d’ondulations ; et les singu-

  1. Lu à la première Classe de l’Institut, dans sa séance du 30 janvier 1809.