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sur
l’attraction et la répulsion apparente
des petits corps
qui nagent à la surface des fluides[1].

Journal de Physique, t. LXIII ; 1806.
Séparateur

Dans la théorie que j’ai donnée de l’action capillaire, j’ai soumis à l’analyse l’attraction de deux plans verticaux et parallèles, très proches l’un de l’autre et plongeant par leurs extrémités inférieures dans un fluide. J’ai fait voir que, s’ils sont de même matière, cette action tend les rapprocher, soit que ces plans élèvent près d’eux le fluide, comme des plans d’ivoire plongeant dans l’eau, soit qu’ils l’abaissent, comme des plans de talc laminaire dans lequel le toucher indique une sorte d’onctuosité qui l’empêche de se mouiller. Chaque plan éprouve alors, vers l’autre plan, une pression égale au poids d’un parallélépipède du même fluide, dont la hauteur serait la demi-somme des élévations au-dessus du niveau, ou des abaissements au-dessous, des points extrêmes de contact des surfaces intérieure et extérieure du fluide avec le plan, et dont la base serait la partie du plan comprise entre les deux lignes horizontales menées par ces points. Ce théorème renferme la vraie cause de l’attraction apparente des corps qui nagent sur un fluide, lorsqu’il s’élève ou s’abaisse près d’eux. Mais l’expérience fait connaître que les corps se repoussent lorsque le fluide s’élève vers

  1. Extrait d’un Mémoire, lu à la séance de la première Classe de l’Institut, du 29 septembre 1806, par M. Laplace.