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hauteur à laquelle elle monte entre les deux plaques de verre, si le demi-diamètre de la cavité du tuyau est égal à la distance qui est entre les plaques, ou à peu près. Du reste, toutes ces expériences réussissent aussi bien dans le vide qu’en plein air, comme on l’a éprouvé en présence de la Société royale et, par conséquent, elles ne dépendent en aucune manière du poids ou de la pression de l’atmosphère. »

Les phénomènes capillaires des plans inclinés et des tubes coniques et prisinatiques sont autant de corollaires de mon analyse. Ainsi, l’on observe qu’une petite colonne d’eau, dans un tube conique ouvert par ses deux extrémités et maintenu horizontalement, se porte vers le sommet du tube, et l’on voit, par ce qui précède, que cela doit être. En effet, la surface de la colonne fluide est concave à ses deux extrémités, mais le rayon de sa surface est plus petit du côté du sommet que du côté de la base ; l’action du fluide sur lui-même est donc moindre du côté du sommet et, par conséquent, la colonne doit tendre vers ce côté. Mais si la colonne fluide est du mercure, alors sa surface est convexe et son rayon est moindre encore vers le sommet que vers la base, mais à raison de sa convexité, l’action du fluide sur lui-même est plus grande vers le sommet et la colonne doit se porter vers la base du tube.

On peut balancer cette action par le propre poids de la colonne, et la tenir suspendue en équilibre, en inclinant l’axe du tube à l’horizon. Un calcul fort simple fait voir que, si la longueur de la colonne est très petite, le sinus de l’inclinaison de l’axe est alors à très peu près en raison inverse du carré de la distance du milieu de la colonne au sommet du cône, ce qui a lieu semblablement si, au lieu de faire mouvoir une goutte de fluide dans un tube conique, on la fait mouvoir entre deux plans qui forment entre eux un très petit angle. Ces résultats sont entièrement conformes à l’expérience, comme on peut le voir dans l’Optique de Newton (question 31).

Le calcul nous apprend, de plus, que le sinus de l’inclinaison de l’axe du cône à l’horizon est alors, à très peu près, égal à une fraction dont le dénominateur est la distance du milieu de la goutte au sommet