Page:Laplace - Œuvres complètes, Gauthier-Villars, 1878, tome 14.djvu/193

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

produites ; vous sentirez alors la nécessité de consulter en tout l’expérience. C’est un guide lent, mais toujours sûr ; en l’abandonnant, on s’expose aux plus dangereux écarts.

Si l’on considère les méthodes analytiques auxquelles la théorie des probabilités a déjà donné naissance et celles qu’elle peut faire naître encore, la justesse des principes qui lui servent de base, la logique rigoureuse qu’exige leur emploi dans la solution des problèmes, le grand nombre et l’importance des objets qu’elle embrasse, les établissements d’utilité publique qui s’appuient sur elle ; si l’on observe ensuite que, dans les choses mêmes qui ne peuvent être soumises au calcul, cette théorie donne les aperçus les plus sûrs qui puissent nous guider dans nos jugements et qu’elle apprend à se garantir des illusions qui souvent nous égarent, on verra qu’il n’est point de science plus digne de nos méditations et dont les résultats soient plus utiles. Elle doit la naissance à deux géomètres français du xviie siècle, si fécond en grands hommes et en grandes découvertes, et peut-être celui de tous les siècles qui fait le plus d’honneur à l’esprit humain. Pascal et Fermat se proposèrent et résolurent quelques problèmes sur les probabilités. Huygens réunit ces solutions et les étendit dans un petit Traité sur cette matière, qui ensuite a été considérée d’une manière plus générale par les Bernoulli, Montmort, Moivre et par plusieurs géomètres célèbres de ces derniers temps.


Séparateur