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par l’hypothèse, assuré que l’une des propositions est vraie, il doit répartir le nombre des boules de l’urne sur ces diverses propositions ; le problème se réduit donc à déterminer les comparaisons dans lesquelles toutes les boules sont réparties sur les propositions, de manière qu’il y ait plus sur la première que sur la seconde, plus sur la seconde que sur la troisième, … ; à faire les sommes de tous les nombres de boules, relatifs à chaque proposition dans ces diverses combinaisons et à diviser ces sommes par le nombre des combinaisons ; les quotients seront les nombres de boules que l’on doit attribuer aux propositions sur un billet quelconque. On trouve ainsi, par l’analyse, que ces quotients, en partant de la dernière proposition pour remonter à la première, sont entre eux comme les quantités suivantes : 1o l’unité divisée par le nombre des propositions ; 2o l’unité divisée par le nombre des propositions, plus l’unité divisée par ce nombre diminué d’un ; 3o l’unité divisée par le nombre des propositions, plus l’unité divisée par ce nombre diminué d’un ; plus, l’unité divisée par le même nombre diminuée de deux, et ainsi du reste ; on écrira donc ces quantités sur chaque billet, à côté des propositions correspondantes et, en ajoutant les quantités relatives à chaque proposition sur les divers billets, les sommes indiqueront par leur grandeur l’ordre de préférence que l’assemblée donne à ces propositions.

Je viens de parcourir la plupart des objets auxquels on a jusqu’à présent appliqué le calcul des probabilités. On peut, en tenant compte de tous les résultats de l’observation et de l’expérience, étendre ces applications et perfectionner ainsi l’économie politique. Les questions que cette science présente sont si compliquées ; elles tiennent à tant d’éléments inappréciables ou inconnus, qu’il est impossible de les résoudre a priori. On ne peut avoir à leur égard que des aperçus, et le calcul, dans les matières qui en sont susceptibles, nous montre combien ils sont trompeurs. Traitons l’économie, comme on a traité la physique, par la voie de l’expérience et de l’analyse. Considérez, d’un côté, le grand nombre de vérités que cette méthode a fait découvrir sur la nature et, de l’autre, la foule des erreurs que la manie des systèmes a