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soupçonner, contre l’opinion commune, que cette supériorité des naissances masculines subsiste dans l’Orient même. J’avais, en conséquence, invité les savants français envoyés en Égypte à faire des recherches sur cette question intéressante ; mais la difficulté d’obtenir des renseignements précis sur les naissances ne leur a pas permis de la résoudre.

Les registres des naissances peuvent servir à déterminer la population sans recourir au dénombrement des habitants ; mais il faut, pour cela, connaître le rapport de la population aux naissances. Le moyen d’y parvenir le plus exact consiste : 1o à choisir plusieurs communes dans chaque département pour avoir un milieu entre les petites différences que les causes locales apportent dans les résultats ; 2o à faire le dénombrement des habitants de ces communes à une époque donnée ; 3o à déterminer, par le relevé des naissances durant plusieurs années qui précèdent ou suivent cette époque, le nombre correspondant des naissances annuelles. Ce nombre, divisé par celui des habitants, donnera le rapport des naissances à la population, d’une manière d’autant plus précise que le dénombrement sera plus considérable. On trouve, par l’analyse des hasards, que ce dénombrement doit s’élever à douze ou quinze cent mille habitants, pour avoir une grande probabilité que les erreurs sur la population entière de la France, déterminée par les naissances, seront renfermées dans d’étroites limites. Le Gouvernement, convaincu de l’utilité d’un semblable dénombrement, en a bien voulu ordonner l’exécution, à ma prière. Dans trente départements distribués sur la surface de la France, on a fait choix des communes qui pouvaient donner les renseignements les plus précis. Elles ont fourni, pour le 1er vendémiaire an XI, des dénombrements dont la somme s’élève à individus. Le relevé des naissances, des mariages et des morts, pendant les années VIII, IX et X, a donné pour ces trois années :