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dixième séance[1].
sur les probabilités.

Pour suivre le plan que j’ai tracé dans le programme du cours de Mathématiques, je devrais vous entretenir encore des calculs différentiel et intégral aux différences, soit finies, soit infiniment petites ; de la Mécanique, de l’Astronomie et de la théorie des probabilités. Le peu de durée de l’École Normale ne me le permet point ; mais je me propose d’y suppléer, relativement à la Mécanique et à l’Astronomie, par la publication d’un Ouvrage qui aura pour titre Exposition du système du Monde, et dans lequel j’ai présenté, indépendamment de l’Analyse, la série des découvertes qui ont été faites, jusqu’à ce jour, sur le système du Monde. Je vous parlerai, dans cette dernière Leçon, de la théorie des probabilités, théorie intéressante par elle-même et par ses nombreux rapports avec les objets les plus utiles de la société.

Tous les événements, ceux même qui, par leur petitesse, semblent ne pas tenir aux grandes lois de l’Univers, en sont une suite aussi nécessaire que les révolutions du Soleil. Dans l’ignorance des liens qui les unissent au système entier de la nature, on les a fait dépendre des causes finales ou du hasard, suivant qu’ils arrivaient et se succédaient avec régularité ou sans ordre apparent ; mais ces causes imaginaires ont été successivement reculées avec les bornes de nos connaissances, et disparaissent entièrement devant la saine philosophie, qui ne voit en elles que l’expression de l’ignorance où nous sommes des véritables causes.

  1. Cette Leçon est reproduite, avec des développements étendus, dans l’Introduction à la Théorie analytique des probabilités (Œuvres de Laplace, t. VII).