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conséquent sa figure, en la supposant elliptique. Si cette hypothèse est celle de la nature, on doit trouver le même rapport entre ces axes en comparant deux à deux les degrés mesurés ; mais leur comparaison donne à cet égard des différences qu’il est difficile d’attribuer aux seules erreurs des observations, et qui semblent indiquer à la Terre une figure beaucoup plus composée qu’on ne l’avait cru d’abord ; ce qui ne paraîtra point extraordinaire si l’on fait attention aux irrégularités de sa surface et à l’inégale densité de ses différentes couches et des eaux de la mer.

Un phénomène très remarquable, dont nous devons la connaissance aux voyages astronomiques, est la variation de la pesanteur à la surface de la Terre. Cette force singulière anime, dans le même lieu, tous les corps proportionnellement à leurs masses, et tend à leur imprimer dans le même temps des vitesses égales. Il est impossible, au moyen d’une balance, de reconnaître ces variations, puisqu’elles affectent également le corps que l’on pèse et le poids auquel on le compare. Mais les observations du pendule sont propres à les faire découvrir ; car il est clair que ses oscillations doivent être plus lentes dans les lieux où la pesanteur est moindre. Vous connaissez cet instrument, dont l’application aux horloges, en fournissant une mesure du temps très précise, a été l’une des causes principales des progrès de l’Astronomie moderne. Il consiste dans un corps suspendu à l’extrémité d’un fil ou d’une verge mobile autour du point fixe placé à l’autre extrémité ; on écarte un peu l’instrument de sa situation verticale, et on l’abandonne à l’action de la pesanteur ; il fait de petites oscillations qui sont à très peu près de la même durée, malgré la différence des arcs décrits. Cette durée dépend de la grandeur et de la figure du corps suspendu, et de la masse de la verge ; mais les géomètres ont trouvé des règles générales pour déterminer, par l’observation des oscillations d’un pendule composé, de figure quelconque, la longueur d’un pendule dont les oscillations auraient une durée connue, et dans lequel la masse de la verge serait supposée nulle relativement à celle du corps considéré comme un point infiniment dense. C’est à ce pendule idéal, nommé pendule simple, que