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neuvième séance.
sur le nouveau système des poids et mesures.

J’interromps aujourd’hui l’ordre des leçons de Mathématiques pour vous entretenir du système des poids et mesures qui vient d’être définitivement décrété par la Convention nationale. L’un des plus utiles objets qui vous occuperont, après être retournés dans vos départements, sera de faire connaître à vos concitoyens, et spécialement aux instituteurs des écoles primaires, ce bienfait des sciences et de la révolution. Je vais donc l’exposer ici avec le détail dû à son importance.

On ne peut pas voir le nombre prodigieux de mesures en usage, non seulement chez les différents peuples mais dans la même nation ; leurs divisions bizarres et incommodes pour les calculs, la difficulté de les connaître et de les comparer ; enfin, les embarras et les fraudes qui en résultent dans le commerce, sans regarder comme l’un des plus grands services que les sciences et les gouvernements puissent rendre à l’humanité, l’adoption d’un système de mesures dont les dimensions uniformes se prêtent le plus facilement au calcul, et qui dérive, de la manière la moins arbitraire, d’une mesure fondamentale indiquée par la nature elle-même. Un peuple qui se donnerait un semblable système de mesures réunirait, à l’avantage d’en recueillir les premiers fruits, celui de voir son exemple suivi par les autres peuples dont il deviendrait ainsi le bienfaiteur ; car l’empire lent, mais irrésistible, de la raison l’emporte à la longue sur les jalousies nationales et sur tous les obstacles qui s’opposent au bien d’une utilité généralement sentie. Tels furent les motifs qui déterminèrent l’Assemblée constituante à charger de cet important objet l’Académie des Sciences. Le nouveau