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ont l’avantage de s’étendre à tous les temps, en rectifiant les données que l’observation seule peut déterminer.

La grande influence de l’aplatissement de Jupiter sur les variations des orbites des satellites détermine avec beaucoup de précision cet aplatissement. On a vu, dans l’article XXIII, qu’il s’accorde parfaitement avec les mesures directes les plus exactes. Cet accord prouve que la gravitation des satellites de Jupiter vers cette planète se compose de leur gravitation vers chacune de ses molécules, puisque c’est dans cette hypothèse que nous avons calculé les variations des orbites des satellites. La vérité de cette hypothèse résulte du principe de l’égalité entre l’action et la réaction ; car, tous les corps à la surface de la Terre pesant vers son centre, il est nécessaire que la Terre pèse vers chacun d’eux, et qu’ainsi il y ait entre toutes les molécules de la matière une action réciproque, d’où résulte la sphéricité des corps célestes et leur force attractive ; mais les phénomènes de l’aplatissement de la Terre, de la variation de la pesanteur à sa surface et des variations des orbites des satellites de Jupiter, démontrent, a posteriori, cette loi de la nature.

J’ai observé, dans l’article XXX, que les éclipses du premier satellite pouvaient donner la quantité de l’aberration avec plus de précision encore que les observations directes. M. de Lambre ayant bien voulu, à ma prière, discuter dans cette vue un grand nombre d’éclipses de ce satellite, il a trouvé pour la valeur entière de l’aberration. Cette valeur est exactement celle que Bradley a fixée par ses observations. Il est curieux de voir un aussi parfait accord entre deux résultats conclus par des méthodes aussi différentes. Il suit de cet accord que la vitesse de la lumière est uniforme dans tout l’espace compris par l’orbe terrestre ; en effet, la vitesse de la lumière donnée par les observations de l’aberration est celle qui a lieu sur l’orbite terrestre, et qui, en se combinant avec le mouvement de la Terre, produit le phénomène de l’aberration. La vitesse de la lumière, conclue des éclipses, est déterminée par le temps que la lumière emploie à traverser l’orbe terrestre ; ainsi, ces deux vitesses étant les mêmes, la