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MÉMOIRE
SUR LA
THÉORIE DE L’ANNEAU DE SATURNE




Mémoires de l’Académie royale des Sciences de Paris, année 1787 ; 1789.
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I.

L’anneau de Saturne est un des phénomènes les plus singuliers du système du monde. Huygens donna le premier la véritable explication de ses apparences, en lui supposant la figure d’une couronne circulaire d’une très mince épaisseur, d’une largeur égale environ au tiers du diamètre de Saturne, et dont le centre est le même que celui de cette planète.M. de Cassini observa ensuite que l’anneau, dans sa largeur, est divisé en deux parties presque égales par une bande obscure d’une courbure semblable à celle de l’anneau. Enfin, M. Short, avec un fort télescope, aperçut plusieurs bandes concentriques à sa circonférence. Ces observations ne permettent pas de douter que l’anneau de Saturne ne soit formé de plusieurs anneaux situés à peu près dans le même plan ; elles donnent lieu de croire que de plus forts télescopes y feront apercevoir un plus grand nombre d’anneaux.

La théorie de la pesanteur universelle, qui s’accorde si bien avec les phénomènes que présentent les mouvements et les figures des corps célestes, doit également satisfaire à ceux que nous offre l’anneau de Saturne ; mais jusqu’ici personne n’a entrepris de déterminer sa figure d’après cette théorie, car l’explication que M. de Maupertuis a donnée de la formation des anneaux, dans son discours sur la figure des astres, n’étant pas fondée sur la loi de la gravitation mutuelle de