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THÉORIE DE JUPITER ET DE SATURNE.

erreur de de seconde ; d’où il suit que ce mouvement est un des mieux connus de notre système planétaire, et, comme il représente sans le secours d’une équation séculaire les observations anciennes et modernes de Saturne, on voit que cette équation, dont j’ai fait voir autrefois l’impossibilité par la théorie, est pareillement exclue par les observations.

La seconde conséquence est que les comètes n’ont point d’influence sensible sur notre système planétaire. Saturne, à raison de son éloignement du Soleil, en aurait éprouvé des dérangements très sensibles si leurs masses étaient comparables à celles des planètes ; et, puisque la seule action de Jupiter suffit pour rendre raison de toutes ses inégalités, l’action des comètes est nécessairement très petite. Elle pourrait, cependant, avoir altéré de plusieurs minutes les mouvements de Jupiter et de Saturne, depuis Hipparque jusqu’à nous, sans que nous puissions nous en apercevoir, à cause du peu d’exactitude des observations anciennes et des mouvements particuliers des étoiles auxquelles elles se rapportent et qui ne sont pas encore connus. Ainsi, l’influence des comètes sur notre système planétaire est un de ces phénomènes astronomiques dont la détermination est réservée aux générations futures ; les observations anciennes nous prouvent seulement qu’elle est très petite.

Enfin, la troisième conséquence est que la grande équation que nous avons introduite dans la théorie de Saturne est fort exacte ; car, pour peu que nous nous fussions trompés sur sa valeur, cette erreur aurait sensiblement influé sur le moyen mouvement de cette planète, conclu des observations modernes, et nous n’aurions pas trouvé un aussi parfait accord entre ce mouvement et celui qui résulte de l’observation chaldéenne.

XLVIIl.

Considérons présentement les observations de Saturne faites par Ptolémée. M. de Cassini a rapporté dans ses Éléments d’Astronomie trois oppositions de cette planète observées par cet astronome ; mais